Versification - Prosodie - DICTION
On peut écrire de deux manières différentes :
en vers ou en prose.
La prose
consiste à faire se succéder les phrases sans prêter attention à leur longueur.
Quand on écrit en vers, on compte les syllabes. On pratique alors la versification. De plus, on prête
attention à la sonorité de la fin des vers : la rime.
L’ensemble des règles de versification est la prosodie.
Pour parvenir à une bonne diction du poème, il
faut maîtriser ces règles.
I
La plupart des vers comptent un nombre pair de
syllabes, on dit qu’ils sont pairs.
D’autres comptent un nombre impair de syllabes, on
dit qu’ils sont impairs.
Le nom d’un vers est formé du radical -syllabe,
précédé du préfixe grec indiquant le nombre.
Les petits vers (trois syllabes ou moins) sont
qualifiés par un adjectif.
12 syllabes : |
dodécasyllabe (alexandrin) |
9 syllabes : |
ennéasyllabe |
10 syllabes : |
décasyllabe |
7 syllabes : |
heptasyllabe |
8
syllabes : |
octosyllabe |
5 syllabes : |
pentasyllabe |
6
syllabes : |
hexasyllabe |
3 syllabes : |
vers trisyllabique |
4
syllabes : |
tétrasyllabe |
1 syllabe : |
vers monosyllabique (monosyllabe) |
2
syllabes : |
vers disyllabique |
|
|
Remarque
1 : Tous les vers qui ont la même longueur sont alignés à
gauche, et décalés par rapport à ceux qui ont une longueur différente.
Remarque
2 : Un
alexandrin est trop long pour être dit d’un trait, on le coupe en deux
hémistiches au moyen d’une césure. Cette césure marque une légère pause dans la
diction.
Exemple :
« La fille de Minos / et de Pasiphae »
II LES RIMES
On parle de rimes lorsque les sonorités de la fin
des vers se ressemblent, au moins deux par deux.
Lorsqu’on se contente de ressemblance entre les sons
voyelles, on parle d’assonances.
Exemple :
« science » et « patience » sont des
rimes ; « science » et « riante »
sont des assonances.
A Deux
types de rimes
Les rimes féminines se terminent par un e muet, orthographié -e, -es ou -ent.
Les rimes masculines sont toutes les autres.
Dans la prosodie classique, on fait alterner les
rimes féminines et les rimes masculines.
B Alternance
En général, les rimes vont
deux par deux, mais elles peuvent être agencées autrement.
Dans le cas où elles vont
deux par deux, appelons a la
première et b la seconde :
trois alternances sont possibles :
a |
|
a |
|
a |
|
a |
rimes
|
b |
rimes
|
b |
rimes |
b |
plates |
a |
croisées |
b |
embrassées |
b |
|
b |
|
a |
|
III L’articulation
A Le
e muet
Le e
muet se prononce toujours quand il est suivi d’une consonne.
Le e
muet ne se prononce jamais quand il est suivi d’une voyelle, ni à la fin d’un
vers.
Exemple :
« La rue assourdissant(e) autour de
moi hurlait. »
Remarque : pour pouvoir prononcer un e muet sans qu’il ressemble à un
« euh », il suffit d’accentuer la syllabe qui précède (plus rarement
celle qui suit). Pour accentuer une syllabe, il suffit d’allonger
sa voyelle (voir V. L’ACCENTUATION)
B Les
liaisons
Quand un mot se termine par
une consonne muette (que l’on n’entend pas normalement), et qu’il est suivi par
une voyelle, on fait le plus souvent la liaison.
Remarque : on ne fait
jamais la liaison avec « et ».
Exemple : « Le navire glissant sur les gouffres
amers. »
C La
diérèse
Certaines diphtongues, qui
normalement se prononcent en une seule syllabe, sont parfois prononcées en
deux : on peut repérer cette diérèse
à la longueur du vers.
Exemple : « Sous les noirs
acajous, les li-a-nes en fleur, » : 12
syllabes, car ici « lianes » se prononce en trois syllabes, au
lieu d’une normalement :
- [lia] au lieu de [lja] : diérèse.
- Le e muet est prononcé car
il est suivi de la consonne [z] due à la liaison.
IV L’ENJAMBEMENT, LE
REJET
Parfois la syntaxe de la phrase ne correspond pas au
rythme du vers, et une phrase, une proposition ou même un groupe se prolongent
au vers suivant. On a alors un rejet,
ou un enjambement.
Ce phénomène pose souvent des problèmes de diction,
car si on suit le rythme de la syntaxe, c’est au détriment du vers, et si on
respecte le rythme du vers, c’est souvent au détriment de la syntaxe, donc de
la compréhension.
Dans tous les cas, il faut essayer de concilier les deux.
Exemple :
« - Il est un Dieu, qui rit aux
nappes damassées è (la voix reste en suspens)
Des autels, à l’encens, aux grands calices
d’or. »
Le Groupe
Nominal Prépositionnel « Des autels » est le complément du nom
« nappes » et devrait être dit à la suite, d’un seul trait :
« aux nappes damassées des autels ».
Il faut
marquer une pause à la fin du vers, mais en même temps laisser la voix en
suspens de façon à pouvoir lier le CdN à son N.
V L’ACCENTUATION
À
l’intérieur du vers, certaines syllabes sont accentuées,
c’est-à-dire légèrement allongées.
Par
exemple un alexandrin comporte 4 syllabes accentuées, dont une avant la césure
et une à la fin du vers. La place de ces accents dépend des mots : on
accentue les mots importants et les syllabes qui précèdent, ou, plus rarement,
qui suivent les e
muets prononcés.
|
\ \
\ \ |
Exemple : |
Souvent, pour s’amuser,
/ les hommes d’équipag(e) [le
rythme est : 2 - 4, 2 - 4] |
Remarque : pour noter l’accentuation dans un logiciel
de traitement de textes, il est plus facile de surligner la syllabe accentuée.
Exemple : Souvent, pour s’amuser,
/ les hommes d’équipag(e)
VI LES INTONATIONS
Les intonations de la phrase sont respectées :
·
Aux signes de ponctuation faibles (phrase non
finie, « , » / « ; » / « : »), la voix
reste en suspens : è
·
Au point, signe de ponctuation fort, elle
tombe : î
·
Aux points
d’exclamation « ! » et d’interrogation « ? », elle
monte : ì
La seule particularité
des intonations dans un poème en vers réguliers se situe à la fin de chaque
vers : s’il n’y a aucun signe de ponctuation, on marque une légère pause pour faire entendre la rime et le rythme du
vers, et la voix reste en suspens.